HILDEGARDE DE BINGEN

Abbesse bénédictine, 35e docteur de l’Église (+ 1179)

Sa Vie

Elle était d’une noble famille germanique. Très jeune, on la confie au couvent de Disibodenberg, un monastère double, sur les bords du Rhin, où moines et moniales chantent la louange divine en des bâtiments mitoyens. Devenue abbesse, elle s’en va fonder une autre communauté à Bingen puis une à Eibingen. Elle voyage, va où on l’appelle, prêche dans les cathédrales et les couvents, correspond avec toutes les têtes couronnées, (Henri II, Fréderic Barberousse, Aliénor d’Aquitaine ),  les pontifes de son temps, saint Bernard et bien d’autres. Elle plaide pour une réforme radicale de l’Église.

Ses Ecrits

             Depuis sa petite enfance, elle est favorisée de visions exceptionnelles.Elle répond à l’injonction d’une voix puissante venant du ciel : « Écris ce que tu vois et ce que tu entends », les dessinera et les commentera, pour les faire connaitre dans tous les enseignements théologiques, bibliques. Ses récits apocalyptiques par ex. (au sens littéral de dévoilement des fins dernières) donnent de l’univers une vision étonnante de modernité où les sciences actuelles peuvent se reconnaître (création continue, énergie cachée dans la matière, magnétisme, physiologie, de  la voix chantée, acoustique, linguistique, médecine naturelle,étude des astres),  mais qui peuventt aussi apaiser la soif actuelle de nos contemporains en quête du sens de la vie et de spiritualité

Ses Oeuvres

            Les œuvres d’Hildegarde de Bingen constituent un des plus riches répertoires de la musique médiévale (77 œuvres  réunies dans sa « Symphonia harmonia » et un oratorio « Ordo virtutum ») où elle met en musique ses propres textes, avec un caractère aussi bien lyrique, que poétique,  méditatif et  contemplatif,  au service de la Parole et  du Verbe.

            Elle se confronte avec les instances catholiques. On lui reproche, entre autres,  l’utilisation systématique du chant, de la musique, pour ses services religieux. Or l’emploi des instruments de musique pendant les cultes n’est pas toléré à cette époque. Face à ces accusations, la réponse d’Hildegard von Bingen est sans appel : « Dieu doit être loué avec tous les instruments de musique que les hommes sensés et ingénieux ont inventé »

            Hildegarde a, « en sourdine », un thème majeur : Dieu a créé un univers magnifique. L’homme est au centre de cet univers,  le sommet de la beauté de la création, et il en est le gardien aussi, pour la faire fructifier, sans la détruire. « Il n’est pas encore ce que Dieu veut, il est inachevé, en devenir , vers quelque chose de plus grand auquel il participe librement .  Il est sacré, à l’image et à la ressemblance de Dieu, et  libre,  non déterminé par son hérédité, ses instincts, ou le hasard ! Les vertus comme l’Amour, l’Humilité, la Paix, lui permettent de construire dès à présent un monde harmonieux,– Harmoniamundi–  préfiguration de l’admirable harmonie de la cité céleste, dans la vie éternelle. »

            Hildegarde se situe dans le sillage de Grégoire de Nysse, Père de l’église d’Orient, lorsqu’il parle d’Harmonie céleste et de plaisir musical : dans la musique de la prière et de la louange, il parle d’un retour à l’harmonie primordiale, et évoque , comme elle, la voix des anges. Elle  crée des tournures  mélodiques disjointes notamment qui favorisent l’émergence d’ harmoniques, très riches , amplifiées par les résonances ou échos de l’architecture de ses abbatiales. Ainsi pour elles comme pour St Grégoire, l’amour est cette force qui met l’âme en symphonie avec Dieu.

Sa théologie visionnaire

             La théologie visionnaire et symbolique d’Hildegarde est très positive et s’inscrit bien dans son enseignement et celui de  St Benoit, ce qui l’éloigne du pessimisme des néo-platoniciens comme St Augustin, pour qui  « le corps est la prison de l’âme »…. Dans la pensée biblique, au contraire,  l’être humain est présenté dans une conception unitaire, Corps et Psyché sont réunis dans le  « composé humain » (expression de Grégoire de Nysse), et animé par l’esprit (Ruahet Nechimacad souffle en hébreu) mais au sens d’énergie vitale,

spirituelle qui maintient debout l’être vivant : la maladie est conçue comme une déperdition de Ruah, et  la mort, comme une perte quasi-totale de Ruah, sans séparation d’une âme immortelle et d’un corps mortel. A aucun moment dans la bible, l’homme ne vole en éclats.

            Elle met en valeur par ex,  que le corps entier est impliqué dans l’émission et la réception des sons de la voix chantée.  Elle proclame : « Qu’est-ce que le corps ? c’est l’atelier  ou l’esprit fait ses gammes » ,

             Elle a été canonisée en 2012 et déclarée patronne de l’Europe par Benoît XVI .;

Gabriel ROUSTEAU.

(pour contacter l’auteur, membre de Madipax :maisondialogueetpaix@gmail.com)

Le Travail de  l’être humain

            Dans cette vision ,  l’on voit la terre, ronde , avec plusieurs figures humaines ; chacun des attelé à sa tache, selon les saisons (en commençant par  le quadrant droit en haut pour le printemps)

La terre est confiée à l’homme. l’âme humaine, comme la terre a des saisons et, chaque jour et toute la vie, sont alternance d’éveil, de travail , de récolte , de sommeil.

L’homme au centre de l’univers

Ici, l’univers est formé de cercles concentriques, et l’être humain est debout , les bras étendus.  Pour Ste Hildegarde, les formes basiques de celui –ci sont le cercle et la croix, symboles de  l’amour  divin, du temps et de l’éternité. Elle commente entre autre : «…..  Il est petit par sa stature, il est grand par les énergies de son âme.  La tête levée, les pieds calés, il est capable de mouvoir  les éléments d’en haut et d’en bas,….. »

Gabriel ROUSTEAU,

phoniatre français, membre actif de Madipax, est associé aux recherches de Marcel PEREZ du groupe Organum de Moissac en France, sur l’art musical d’HILDEGARDE et son influence sur l’homme bien portant ou malade. Il est, par ailleurs, impliqué dans un groupe de recherche avec des chanteuses professionnelles auprès de personnes en souffrance.

Notre passionnante rencontre avec Manuel RIBEIRA, compositeur catalan, lors de notre Voyage de la Paix Interculturel de Mars 2024 à Barcelone dans la magnifique Université Pompeu Fabra de Barcelone – au Centre d’Esthétique, de Religion et de Culture contemporaine, dirigé par notre ami  le professeur Amador VEGA – nous encourage à approfondir et développer le partenariat entrepris entre nous.

Le souhait d’Amador VEGA de mettre les idées en mouvement et de faire connaître les liens entre la recherche académique dans le domaine des religions et la création artistique dans le monde contemporain, rejoint les objectifs et les actions de MADIPAX.

 

 

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